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A bas les prisons, toutes les prisons



Un monde sans prisons, c'est la moindre des exigences.


Néanmoins, cette intention vitale, dès qu'on la creuse un peu, fait apparaître toutes sortes de contradictions, toutes sortes de pièges, toutes sortes de solutions qui n'en sont pas. Parce que, on le sait, le problème est plus vaste, il est fondamentalement celui d'un monde bàti sur le coercition et l'intérêt, sur la mise en esclavage d'un grand nombre pour les besoins de quelques-uns, parce que cette domination s'est donné les moyens de se faire passer pour inéluctable: parce qu'on ne peut imaginer un monde sans prisons, sans en finir avec l'argent, avec l'Etat et tous les rapports marchands. Alors on se souviendra des notions de justice et de police comme d'un ancien cauchemar. C'est d'accord, mais c'est là que tout commence, on ne peut se contenter de belles phrases, de voeux pieux, de slogans. Si la critique de la prison se limite au seul intitulé "A bas les prisons", elle atteint un niveau d'abstraction qui la rend parfaitement inoffensive et illusoire.

Innoffensive parce que, pendant que la critique sociale n'ose pas s'aventurer derrière les murs carcéraux, dans les prisons les années passent: l'urgence de la suppression de la prison, même en s'interrogeant sur ces causes, sa généalogie, ses évolutions, sur ce que pourraient être d'autres façons de régler les conflits, n'est concevable que si l'on se souvient toujours de son existence permanente et bien réelle. Se coltiner à la réalité est un préalable au dépassement et donc à la réalisation du slogan "A bas les prisons". La lutte contre la prison commence dans des liens quotidiens, dans tout ce qui peut justement être arraché au quotidien. Les attaques théoriques contre l'univers carcéral ne doivent pas ignorer les urgences constantes que sont ces liens, ces passerelles existantes, ou à faire exister, entre le "dehors" et le "dedans". Ne serait-ce que parce que ces liens ébrèchent tout simplement la solitude et l'isolement et constitue, de ce fait, une critique, certes insuffisante, mais très pratique de la séparation et donc de la prison. Et à y regarder de plus près, chaque fois que les prisons sont un peu moins invisibles, leur inanité n'en devient que plus évidente.

Illusoire, parce que les gouvernants, les penseurs de cette société eux-mêmes se risquent de plus en plus souvent à envisager l'abolition des prisons. Pour eux, le rêve serait celui d'une société où le contrôle social serait totalement intégré par la plupart de ses membres, un monde de "citoyens responsables" qui seraient les meilleurs rouages du flicage général. Nous n'auront pas gagné au change si l'abolition des prisons se traduit par un emprisonnement sans murs. Aujourd'hui déjà, nous vomissons toute idée de peines de substitution qui sont les prémices de ce projet, que ce soit les bracelets électroniques, les travaux d'intérêt général, les jours d'amendes, les semi-liberté et toute cette panoplie de punitions qui rendent le condamné prétendument responsable de sa condamnation: il faudra une schizophrénie totalement digérée pour que les futurs détenus modèles acceptent cela. On peut dire sans beaucoup se tromper que ceux qui imaginent la prison "idéale" d'une société "idéale" peignent des tableaux glaçants, car à quoi peut ressembler l'idéal du pire, sinon à sa perfection? Les utopies carcérales, qui tentent à se confondre avec l'utopie du droit, sont avant tout celles des incarcérateurs...

Mais, ni les législateurs, ni les juges ne font illusion: il y aura toujours ceux qui refusent leur meilleur des mondes. Et pour ces mauvais citoyens, la loi invente des peines toujours plus longues, des techniques d'isolement toujours plus savantes...



AUJOURD'HUI, ILS NE GUILLOTINENT PLUS, ILS ENTERRENT VIVANT.


 
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