En mars 98, dans le cadre d'une enquête sur les sabotages répétés de la ligne
TGV Turin-Lyon en construction dans le Val de Susa, la police italienne a
effectué des descentes dans plusieurs squats de Turin, arrêtant trois personnes.
Sole, Edo et Silvano. Ils furent d’abord acusés d'appartenir à une organisati
fantômatique ayant revendiquée un de ces attentats. Les preuves qui auraient
démontré que Silvano, Edo et Sole appartenaient à un groupe terroriste ne sont
jamais apparues. Edo et Sole ont été poussés au suicide en détention et ne
seront acquittés qu'après leur mort.
Dans cette affaire les enquêteurs ont dépensé des centaines de millions de
lires pour essayer de créer une bande terroriste. Ils ont commencé par inventer
des preuves. Moyennant une expertise frauduleuse, ils ont fait passer pour une
bombe ce qui n'était en fait q'une fusée de détresse, et ont fini par justifier
le tout en fabriquant une ambiance de danger. Pour obtenir leur soupe de vipère
ils ont jeté dans le chaudron les ingrédients suivants:
– L'accusation a fait appel à la police politique (ROS) pour étayer ses
délires; celle-ci avait mené l'enquète ordonnée par le juge Marini sur une
organisation anarchiste insurrectionnaliste d'envergure nationale tout aussi
fantômatique
Elle a poussé les politiciens qui avaient exprimé leur soutien à Silvano à
revenir sur leurs déclarations ou à être virés
Elle a dicté à la presse ce qu'elle devait écrire, la presse a donc parlé
de monstres terroristes, puis ces accusations disparues, elle décrit maintenant
Silvano comme totalement isolé.
Le procès de Silvano, assigné à résidence, a été sans cesse reporté pour
finalement se conclure hier sur une condamnation à 6 ans et 10 mois de prison
plus quelques millions de lires d'amende: 5 ans pour un incendie dont
l’s expertise commandées par les flics n'a pû établir s' il était criminel ou
accidentel, à quoi ils ont rajouté tout ce qu'ils ont pû trouver comme petits
délits.
Au moment où le verdict a été rendu, la police a chargé à l'intérieur du
tribunal au premier signe de protestation, blessant grièvement plusieurs
personnes venues soutenir Silvano, les pourchassant et assiéégeant la maison
occupée où elles s'étaient réfugiées. Ce nouveau spectacle sanglant perpétue
l'ambiance de tension nécessaire pour masquer le manque d'arguments légaux d
l'accusation.
Ces arrestations font partie d'une stratégie de l'Etat italien qui tente
depuis 1996 de recréer une "menace terroriste", permettant de couvrir des enjeux
plus graves liés aux pots de vin touchés pour le chantier du TGV et au trafic
d'armes mené par l'Etat et les Services secrets italiens, mais sont aussi le
produit du carriérisme de juges comme Laudi ou Marini. Ce dernier déclarait à la
Stampa: "Avant de prendre ma retraîte, je veux débusquer une bande de
terroristes".
Aujourd'hui nous sommes là pour affirmer notre soutien à Silvano, que son
enfermement ne passe pas inaperçu et qu'à son isolement physique ne s'ajoute
pas la chape de plomb du silence. Nous harcélerons les meurtriers et les
emprisonneurs jusqu'à ce que tout le monde soit libre
CONTRE TOUTES LES PRISONS.
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