Communiqué de presse.
26 juin 2000
Les Chercheurs dans la nuit ont procédé, dans la nuit du 25
au 26 juin 2000, à la destruction d'expérimentations de diverses plantes
transgéniques (tomates, bananes, tabac, arabidopsis...) dans une serre d'un Centre de
recherche del'INRA près de Toulouse (ch. de la Borde-Rouge, auzeville, 31326
Castanet-Tolosan, rél. 05.61.28.50.28.). Les Chercheurs dans la nuit entendent par cette
action de légitime défense attirer l'attention sur les activités
mortifères de l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA). Cet organisme
scientifique de l'Etat, de concert avec les compagnies agro-chimiques privées (les travaux
ici détruits étaient cofinancés par Novartis), poursuit ses recherches
en génétique animale et végétale afin de parachever la
réalisation d'un modèle imposé d'agriculture industrielle suicidaire. la
recherche dite "publique" est ainsi entièrement mobilisée par les
nécessités industrielles de l'économie marchande. Plus les
conséquences en sont désastreuses, plus elles justifient la fuite en avant
technologique qui continuent de mener l'humanité à l'abîme. Ci-joint, le
texte laissé à l'intérieur de la serre expérimentale de
l'INRA-Toulouse:
Scrupulum* *
Scrupulum: "petit cailloux", ce sur quoi l'on bute ou trébuche, et qui peut faire
basculer toute une vie. Aujourd'hui, en France, il existe un milieu
soudé par la religion du progrès et dans lequel seraient naturellement
répandues les valeurs d'"objectivité", de "neutralité",
de "courage", de "probité" sinon de "rigueur intellectuelle",
etc. l'"entraide" serait la règle de cette "communauté des
chercheurs" vouée au bien de l'humanité. Personne ne
songerait à contester l'abnégation avec laquelle le chercheur mène sans
état d'âme, depuis des lustres, ses activités mortifères à la
fois pour le compte de l'Etat et des commanditaires privés (par exemple, ici, à
l'INRA-Toulouse pour Novartis).
On a, en effet, bien travaillé à l'INRA depuis 1946, on a mouillé des blouses ! Il le fallait pour que soit tenue, en quelques décennies,
avec la généralisation de la misère modernisée, la vraie promesse de l'accès des campagnes, et de leurs produits, au paradis de l'abondance marchande.
Et, finalement, il aura fallu construire de toutes pièces un folklore écomuséographique de terroir, chargé de drainer le tourisme de masse. Pour occulter une faillite:
surproduction subventionnée, désolation des campagnes livées à la monoculture et vidée de ses habitants, empoisonnement scientifiquement assisté des hommes, des animaux, du sol,
de l'eau et de l'air.
Mais le chercheur, même dans sa fosse à purin, refuse de se fier à ses sens: il ne juge rien, il pense que tout ce qui est possible doit être fait et il
abandonne à ses bailleurs de fond la responsabilité d'une activité qui l'engage au premier chef.
Elevé à l'école du mépris et de la concurrence féroce
avec ses pairs, il ne songera bientôt plus quà trouver des financements privés; il est happé par la course aux publications;
parfois, il hésite même pas à truquer ses résultats pour faire des annonces aussi médiatiquement fracassantes que visiblement inconsistantes; et quand il se sent citoyen, certains dimanches,
il n'hésite pas à pétitionner contre ce qu'il fait le reste de la semaine.
Qui les chercheurs s'imaginent-ils encore pouvoir tromper ?
L'onction du prétendu "service public" ne pourra transformer des chimères transgéniques en festin planètaire.
Afin d'éviter aux chercheurs les sempiternels remords qui ont animé la lucidité tardive de |
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leurs pairs (Sakharov, Einstein, Oppenheimer, Rickover, Testart, etc.) quoi de plus humain que de les délivrer
ici du produit d'une activité biocidaire ?
Toulouse, 26 juin 2000,
Chercheurs dans la nuit.
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