MAUDITE AUTRICHE!!!! novembre.2000
Haider à Vienne
Le 19 octobre dernier, le FPOe commençait non-officiellement sa
campagne électorale à Vienne : Haider s'est adressé à quelque 800
partisans d'un âge moyen de 70 ans, au Palais des congrès de Vienne
(pendant que de nombreuses protestations se faisaient entendre à
l'extérieur). Il a utilisé un vocabulaire désormais bien connu,
évoquant une "élimination conséquente" des étrangers et déclarant que
Vienne "mérite d'être libérée de la gauche (...)", et que "Depuis
qu'[il] est gouverneur de Carinthie, aucune personne de gauche n'ose
manifester de manière sérieuse". Il a poursuivi dans cette veine, à
la grande joie de ses partisans.
Suite à cet événement, quelques jeunes partisans du FPOe ont mis en
pratique les préceptes de Haider, agressant six personnes qui avaient
protesté contre cette conférence plus tôt dans la soirée et qui
rentraient chez eux. Commentaires des agresseurs : "à l'intérieur,
les discussions, mais dehors : l'action", et "Nous continuons ce que
Haider ne peut pas faire lui-même". Ils ont battu ces six personnes,
menaçant en outre un journaliste avec un couteau. Bilan : deux
personnes gravement blessées, une légèrement blessée, toutes des
opposants de Haider....
Il faut s'attendre à ce que la campagne électorale du FPOe à Vienne
s'accompagne de manifestations racistes d'envergure. Il n'en reste
pas moins que le doute subsiste sur la future tête de liste pour
Vienne : il ne s'agira sans doute pas de Hilmar Kabas, puisque son
implication dans le "scandale des informateurs" devrait l'empêcher de
se présenter.
Commémoration interdite
Une cérémonie commémorative était prévue pour le 1er novembre dans
un
cimetière de Salzbourg, pour les Juifs, Roma et Sinti de Salzburg,
les victimes du Travail obligatoire, les objecteurs de conscience,
les victimes de l'euthanasie, et les Résistants de Salzbourg,
assassinés par les nazis. La cérémonie a été interdite par la
Direction fédérale de la Police car "l'objet de l'événement est
contraire aux lois anti-criminelles" et parce que cet événement ne
correspondait pas aux traditions populaires. La police a en outre
indiqué que la cérémonie était "une manifestation de caractère
politique contre l'apparition d'anciens membres des forces armées SS
sur le cimetière".
Ceci signifie donc que lorsque des anciens SS commémorent leurs
morts, cela correspond aux traditions populaires, et que cela ne
constitue aucune atteinte aux lois anti-criminelles ! La
commémoration des victimes de la barbarie nazie, par contre, est
selon la police une insulte "aux sentiments de vénération et de
croyance religieuse de nombreux (...) autres visiteurs du cimetière".
Même une manifestation de protestation silencieuse prévoyant le port
d'étoiles jaunes en papier a été interdite par les autorités, car
certains visiteurs du cimetière ressentaient ceci comme une "dérision
des soldats tombés durant les deux Guerres mondiales".
L'Autriche honore les nazis et interdit la commémoration de leurs
victimes.
Condamnation pour activités nazies
Robert Duerr, membre du personnel du magazine d'extrême-droite "Sieg"
("Victoire") entretient toujours de bonnes relations avec le NPD
allemand (Nationaux-démocrates). Il aurait participé à plusieurs
reprises, en qualité d'orateur, à des événements du NPD ; il est en
outre membre fondateur du "Partei Neue Ordnung" (Parti de l'Ordre
nouveau) ainsi que de la "Communauté des Fermiers". Il était
également très actif pour le FPOe et candidat FPOe en 1987. Il vient
d'être condamné en vertu de la loi contre les activités nazies, que
Duerr nomme une "loi protégeant les escrocs et les criminels".
Un politicien FPOe local de la base
Wolfgang Haberler, président du FPOe d'un district viennois, a été
sermonné par deux ex-fonctionnaires du FPOe : ceux-ci déclarent en
effet qu'il a participé à une fête de solstice d'été en 1994,
durant
laquelle il a chanté la "chanson de Horst Wessel", interdite en vertu
de la loi contre le fascisme. En 1993, il a posé fièrement dans les
tranchées d'extrémistes de droite croates, recherchant où acheter des
armes pour des tireurs isolés. Il a également mis les locaux
régionaux du FPOe à la disposition d'un groupe de jeunes qui portait
le nom de "Sturmgruppe Ost" (groupe d'assaut Est) et produisait des
affiches sur lesquelles on pouvait lire "L'Autriche était, est et
restera allemande". En 1988, il a publié un article dans le journal
d'extrême-droite "Der Voelkerfreund" (L'ami du peuples) dans lequel
il proposait un commentaire du "Saint Germain dictate", c'est-à-dire
du traité de paix allemand de 1919.
Il y a deux ans, il a estimé que le gouvernement, par le biais de sa
politique d'immigration, entendait changer l'Autriche "de fond en
comble".
Schmid 1
Si quelqu'un doit connaEEtre les règles de la circulation, c'est bien
Michael Schmid, ministre FPOe de l'Infrastructure - ainsi que de la
circulation. Pourtant, au volant de sa voiture, il a pris son
téléphone mobile et composé un appel, sans utiliser de "handsfree"
qui laisse les mains libres. Ceci constitue un délit en Autriche. Qui
plus est, il a commis ce délit alors qu'il était filmé pour une
interview - ce qui tombe pour le moins dans la catégorie des
"passablement stupides". Schmid s'est dénoncé lui-même à la police.
Le ministre est parti 1
L'ex-ministre de la Justice, Krueger (FPOe), a tenu tellement peu de
temps son portefeuille qu'il peut se qualifier pour le livre Guiness
des Records. C'est aujourd'hui Sickl, ministre FPOe des Affaires
sociales, qui a dû démissionner. Son successeur, Herr Haupt, est un
vétéran et membre d'une confrérie d'étudiants de droite...
Haupt sera par conséquent aussi le ministre des Affaires de la Femme.
Dans une interview, alors qu'on demandait à son épouse si Herr Haupt
l'aide dans les travaux du ménage, celle-ci a répondu qu'il n'en
avait pas le temps, mais qu'il lui achetait des appareils ménagers...
: la politique de la Femme, à la sauce autrichienne !
Exit le ministre 2, ou : Schmid 2, ou : la crise du personnel au FPOe 1
Les ministres Krueger (FPOe) et Sickl (FPOe) ont été démis de leurs
fonctions en raison de pressions internes au sein de leur parti ;
Schmid, le ministre de l'Infrastructure, s'est retiré lui-même car
ses "batteries sont vides". Et aussi parce qu'il en avait assez des
luttes internes dans le parti, depuis la défaite du FPOe lors des
élections dans le land fédéral autrichien de Styrie. Son successeur
n'a pas encore été déterminé ; on parle de Hubert Gorbach (FPOe),
mais celui-ci ne bénéficie pas des faveurs du "membre de la base du
parti " Joerg Haider. Il n'en reste pas moins vrai que le FPOe
commence à manquer de ministrables.
La censure ou : le FPOe toujours prêt à
engager une poursuite
Dans une lettre adressée aux rédacteurs en chef d'un magazine
d'étudiants (d'un tirage de 200 exemplaires), on pouvait notamment
lire : "J'ai participé aux manifs contre ce gouvernement de merde
depuis la première heure". Quatre ministres FPOe, Boehmdorfer,
ministre de la Justice, Mme Riess-Passer, vice-chancelier, Sickl,
ministre des Affaires sociales (depuis lors "ex-ministre") et Schmid
(lui aussi "ex") ministre de l'Infrastructure, ont soupçonné un délit
criminel et, s'estimant insultés, ont engagé des poursuites contre le
magazine. Les quatre ministres ont exigé du magazine d'étudiants des
réparations appropriées ! Le tribunal saisi n'a pas donné suite aux
charges, ce qui n'a pas satisfait les ministres qui ont alors fait
appel devant un autre tribunal où la chose a été tranchée par Ernest
Maurer, sympathisant FPOe (voir maudite:autriche 0700). Ce dernier a
estimé, comme il se devait, qu'il y avait là effectivement lieu
d'engager des poursuites judiciaires. Le procè!
s a donc eu lieu, et du fait de manque de moyens financiers, le
représentant du magazine d'étudiants a comparu sans avocat et a été
contraint de demander un compromis. Le magazine a dû verser 18 000,00
schillings, dépens légaux additionnels non compris.
Nous ne ferons qu'un commentaire : gouvernement de merde !
Scandale sur le financement du parti
Sans doute le FPOe juge-t-il insuffisant le scandale des informations
illégalement obtenues : le nouveau scandale concerne donc le
financement et les dons au parti. Il s'agit cette fois du ministre
FPOe de la Justice, Boehmdorfer, qui se moquait de la loi, et plus
précisément de la loi relative à la réglementation des dons aux
partis politiques. Cette loi prévoit en effet que les donateurs
généreux offrant plus de 150 000,- ATS (soit 11 000,- euros) doivent
figurer sur des listes nominatives.
à l'origine de tout ce tapage, une enveloppe contenant - selon un
employé des cabinets de Boehmdorfer - "une épaisse liasse de billets
de 5 000 shillings" (pour un montant total de 5 millions de
schillings, soit 350 000,-- euros). Cette somme a été remise à Joerg
Haider comme don au parti par feu Herr Turnauer, propriétaire de la
société Constantia-Iso Holding AG et partisan du FPOe. Cette somme
fut ensuite placée dans les cabinets de Boehmdorfer et cachée en
toute sécurité. Pour tout commentaire, Boehmdorfer et ses confrères
de cabinet ont indiqué avoir été tenus au silence du fait de leurs
responsabilités juridiques. La comptabilité du parti ne fait aucune
mention de cette somme marginale de 350 000,- euros.
Le scandale des informateurs - avant-propos
Ce fut pas une grande surprise pour nous d'apprendre que des
officiers de police avaient remis au FPOe des informations provenant
des réseaux informatiques de la police, et ce à la demande du parti.
Après tout, nous savons tous depuis des années que les informations
entre la police et le FPOe circulent très bien. Le FPOe a également
tenté à plusieurs reprises, au cours de ces dernières années,
d'utiliser ces informations pour la diffamation de ses adversaires
politiques. Les politiciens du FPOe, et le quotidien "KronenZeitung",
ont ainsi présenté de manière répétée des documents ne pouvant
provenir que des services de police. Mais ceci ne surprendra pas les
personnes politiquement averties. Ce qui surprendra par contre, c'est
l'envergure de l'affaire : il semble que c'est tout un réseau interne
qui a été mis sur pied à cet effet, au sein des services de police -
ce qui équivaut à la loi mettant sur pied une organisation criminelle
Ce scandale montre en outre la vision du FPOe sur les questions de la
protection des informations et de la démocratie. Il reste à savoir si
cette affaire peut nuire au parti, à long terme...
Le ministre de la Justice Herr Boehmdorfer
Le ministre de la Justice, Boehmdorfer, a été impliqué dans le
scandale des informateurs de différentes manières :
1) Boehmdorfer a cité des documents secrets de la police, dans le
cadre de ses activités d'avocat, et il a également produit des photos
prises par les services de police. Même s'il n'a encouragé personne
au vol d'informations, il demeure susceptible de poursuites
judiciaires pour violation des lois relatives à la protection des
informations.
2) Le ministre de la Justice a affirmé que Joerg Haider était
"au-dessus de tout soupçon" dans ce scandale. En qualité d'avocat de
Haider, il peut faire de telles déclarations. Mais en qualité de
ministre de la Justice, c'est intolérable !
3) Les cabinets pour lesquels Boehmdorfer travaillait représentent le
syndicat de police (FPOe) AUF dans cette affaire (tous les officiers
de police suspendus appartiennent à ce syndicat AUF), ainsi que le
responsable local viennois Michael Kreissl et Michael Rami, confident
de Boehmdorfer, tout spécialement actif. Ce dernier a notamment
engagé des poursuites contre l'artiste Andre Heller et le
scientifique politique Anton Pelinka pour commentaires insultants.
En résumé : nous avons ici un avocat général - aux ordres de Dieter
Boehmdorfer - enquêtant sur des officiers de police de l'AUF suspects
et représentés par un confident de Boehmdorfer. Le parlement a
entre-temps rejeté la troisième mise en accusation de Boehmdorfer,
grâce aux votes de l'OeVP et du FPOe ; il est critiqué par les juges,
mais le Chancelier Schuessel (OeVP) déclare pour sa part : "J'ai
confiance dans l'indépendance du ministre de la Justice qui
n'appartient à aucun parti politique."
Toutes les demandes de révocation de Boehmdorfer sont ignorées !
Le membre "de la base" du parti
[Note du traducteur : lorsque Haider s'est retiré de ses fonctions de
Président du FPOe, il a annoncé ne plus vouloir être à l'avenir
qu'un
"membre de la base du parti".]
Les apparitions publiques de Joerg Haider dégénèrent et glissent vers
le chaos verbal. Il affirme ainsi, par exemple, qu'il n'existait
aucune preuve contre lui et d'autres fonctionnaires du FPOe, qu'il ne
s'agit ici selon lui que d'une simple campagne incendiaire rouge-vert
dirigée contre la "cohérence de sa politique contre l'immigration",
le sandale tout entier étant "né dans l'esprit malade de certains
journalistes" et enfin que, quoi qu'il arrive, quelqu'un allait
"remettre de l'ordre" à présent.
- Aucune preuve sur les transferts d'informations ? Outre le fait que
Haider s'est vanté de pouvoir obtenir des "informations de la police,
à tout moment", il en a donné une preuve écrite en 1997, qui porte sa
signature.
La lettre de Haider à l'ex-ministre de l'Intérieur Schloegl, qui a
été jalousement conservée sous clef jusqu'ici, contient la phrase
suivante : "Des documents provenant de réseaux informatiques de la
police de Haute-Autriche, de Styrie et de Salzbourg, qui ont été mis
à ma disposition, en fournissent la preuve indubitable." Il précisait
dans ce courrier ne pas souhaiter nommer ses informateurs, ne voulant
pas "faire de ces courageux officiels... des coupables." Haider a
empêché toutes les enquêtes sur cette affaire, à cette époque. Il
reste à savoir s'il pense agir de nouveau de la sorte, maintenant
qu'au moins cinq de ces "courageux officiels" produisent des preuves
contre lui. Une descente a eu lieu au domicile de Binder, son garde
du corps, et Haider lui-même a été entendu par le service des
affaires financières de la police.
Nous verrons si Haider a eu raison de déclarer : "Nous serons aussi
capables d'agir contre cette racaille."
Hilmar Kabas & Co ou : des problèmes de personnel au sein du FPOe 2
Le président viennois du FPOe a été sévèrement incriminé : il
aurait
versé entre 10 000 et 15 000 ATS (soit de 750 à 1 100 euros) par mois
à un officier de police pour obtenir des informations "utilisables
politiquement et dans les médias". Son ami Michael Kreissl,
secrétaire du FPOe viennois et ancien président du syndicat (FPOe)
AUF, aurait personnellement recueilli des documents et organisé le
trafic d'argent. Le ministère public a demandé la levée de l'immunit
é
parlementaire de Kabas et de Kreissl. Le FPOe de Vienne est ainsi
confronté à de sérieux problèmes, puisqu'une campagne électorale
est
en vue et que Kabas ne pourra fort probablement pas se maintenir la
tête hors de l'eau encore très longtemps. Ceci signifie qu'il existe,
aussi à Vienne, un problème de personnel au FPOe.
Salzburg ou : des problèmes de personnel au sein
du FPOe 3
à Salzbourg également, le scandale des informateurs est l'origine de
problèmes de personnel pour le FPOe : Helmut Naderer, vice-président
du FPOe, officier de police, parlementaire et adjoint au maire du
village de Seekirchen, est lui aussi soupçonné d'avoir remis
illégalement des informations.
Naderer s'était rendu célèbre en refusant que la municipalité de
Seekirchen participe au fonds de dédommagement des victimes du
travail obligatoire des nazis (voir maudite:autriche 0700). Karl
Schnell, président fédéral FPOe de Salzbourg, a semble-t-il utilisé
lui aussi des informations illégalement obtenues à des fins
politiques (notamment des données provenant de bureaux d'aide
sociale). Des demandes de levée de l'immunité parlementaire de ces
deux personnalités sont en cours. à Salzbourg, au moins 50 enquêtes
sur des informations obtenues de manière illégale ont été
confirmées.
L'" ultime contre-attaque"
Peter Westenthaler a annoncé récemment une "ultime contre-attaque".
Il a remis au cabinet du procureur général une preuve écrite
attestant que Kessler, l'ancien président de la police d'état sous le
ministre de l'Intérieur (SPOe) Einem, qui était tout particulièrement
honni par le FPOe, a tenté de placer des officiers de la police
d'état dans l'entourage de Haider en prétextant que des terroristes
allemands essayaient d'attenter à sa vie. L'ultime contre-attaque
s'est vite tournée en ridicule, Kessler n'ayant pas été à la tête
de
la police d'état sous Einem, mais bien sous son prédécesseur,
Loeschnak (SPOe). Au fait : Haider nommait toujours Loeschnak "notre
homme dans le gouvernement"!
Nous conseillons à Peter Westenthaler de rechercher un autre emploi :
dans un cabaret satirique politique !
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