BOUFFE DU RICHE PAS LES ANIMAUX



Dieu n'est pas mort, et ce n'est pas sans un certain regret que nous affirmons cela. L'insensé a en effet oublié que nous vivions dans une société emprunte de dogmes religieux, rythmée par des fêtes sacrées et bâtie autour d'un calendrier chrétien. Le temps, sa gestion et sa production sont intimement liés au pouvoir et nous savons que l'usage que nous en faisons ainsi que sa maîtrise sont encore aujourd'hui marqués du sceau des dominants. Nombreux sont ceux et celles dont les journées sont scandées par les valeurs chrétiennes du travail rédempteur , du repos bien mérité et ... des repasque les valeurs capitalistes ont d'ailleurs relayé. La scène, acte profane récupéré par les apotres a permis d'assoir l'Eglise dans chacun des foyers et ne fut en somme qu'une des prémisses de la biopolitique. Les repas rythment la vie de l'ensemble des exploités tant au niveau de la partition horaire des journées que de la valeur morale qu'ils recouvrent. Le patriacat y a trouvé l'une de ses plus solide assises renforcée par la tradition qu'a engendré ce rite journalier et qui justifie encore aujourd'hui bien des atrocités...

C'est entre autre pour rompre avec tout cela que nous avons choisi de proposer un resto végétalien à prix libre dans les squatts. Les premiers restos se sont déroulés au Teepy rue de Douai, haut lieu de l'autonomie lilloise expusé il y a deux ans, ainsi que rue Macquart, squatt électronique. Ils ont en suite eu lieu rue Phillipe de Comines pour finir rue Princesse, chaque mardi soir. Les lointaines bacchanales et bruyants festins de filous, gueuses et brigands se sont rappelés à nos mémoires et motivé notre désir de rendre à ce moment privilégié quelques sens profane: plaisir convivialité et conspiration. Ce choix trahit également l'échec de certains formes militantes et l'envie de partager concrètement notre mode de vie avec des personnes extérieures aux réalités d'un squatt.

Faire un resto, c'est tout dabord récupérer la bouffe, notamment sur les fins de marchés et ceci dans une démarche anticapitaliste. Les légumes et fruits jetés ne sont pas impropres à la consommation et nous prenons un certain plaisir à leur redonner vie après la poubelle.Nous entretenons ainsi un rapport intime avec les épaves en nous reppelant que l'autonomie commence par cellesci. Faire un resto, c'est ensuite décider collectivement d'un menu, faire quelques courses indipensables autoréduites ou non et oeuvrer... ChacunE peut venir faire à manger le mardi après midi en respectant le choix collectif du végétalisme militant et n'est soumis à aucune hiérarchie.La spécialisation est une des bases du capitalisme qui s'en sert pour fragiliser les individuEs et gérer de façon autoritaire le corp social. C'est pour cette raison que nous la récusons et l'échange de savoirs reste une arme afficace en vue de sa destruction. Aucun rôle n'est alors figé et les équipes tournent souvent. D'autre part, le torchon brûle au squatt et il est nulle question d'une répartition sexiste des tâches: aucun père de famille ne préside aux tablées du soir et les machos peuvent ranger leur testostérone: personne ne la digère. Les filles ne sont pas au fourneaux ou à table, derrière ou devant le bar que si elles le décident et personne ne leur dira ce qu'elles ont à faire.Que ce soit clair.
Faire un resto pour des squatteureuses, c'est s'ouvrir aux autres et leur faire partager leurs réalités, bien souvent très fermées et étouffées par des murs qu'on leur impose barricadés. Le squatt sans droit ni titre implique un certain détachement, voire un retranchement qui peut parfois aller à l'encontre du souci d'intégration de ses habitantEs dans les quartiers qu'ils occupent.C'est donc pour pallier en partie à ce travers et pour se ressourcer que les restos sont ouverts à l'extérieur.Moment privilégié pour discuter, militer, conspirer ou simplement manger cet espace nous permet de réaffirmer les spécificités du lieu.

Le prix libre auquel nous tenons n'est pas synonyme de gratuité bien que ce choix puisse y tendre.Nous aimerions nous passer d'argent et de rapports marchands mais nous ne vivons pas suffisamment en rupture avec le système capitaliste pour nous en débarrasser. Néanmois, nous ne souffrons la sélection par l'argent lors des soirées que nous proposons et les rapports qui en découlent. Il ne s'agit pas de payer son assiette comme au flunch ni de récompenser les spectacles ou les initiatives culinaires mais simplement de nous soutenir en permettant de poursuivre nos activités. La convivialité, nous semble t'il est à ce prix!

Enfin, le choix d'un restaurant uniquement végétalien n'est en aucun cas lié à des raisons diététiques ou de santé. Ce choix politique recouvre plusieurs luttes dont tout d'abord l'antispécisme qui vise l'Egalité animale. Le spécisme est l'idéologie qui justifie et impose l'exploitation et l'utilisation des animaux par les humainEs de manières qui ne seraient pas acceptables si les victimes étaient des humainEs. Il est à l'espèce ce que le racisme et le sexisme sont respectivement à la race et au sexe et révèle une volonté de ne pas prendre en compte (ou de moins prendre en compte) les intérêts de certainEs au bénéfice d'autrEs en prétextant des différences réelles ou imaginaires mais toujouts dépourvues de lien logique avec ce qu'elles sont censées justifier.Bref, nous refusons de manger tout produit animal brut ou dérivé(viande, poisson, oeuf, lait, miel ect...)et dénonçons la domination des humains et l'exploitation subie par les animaux au même titre que celle subie par les femmes, les minorités immigrées ou sexuelles ect...La démarche s'inscrit également dans la lutte anticapitaliste en soulevant la question des rapports Nord Sud et témoigne de notre volonté de visibiliser certaines pratiques militantes en permettant à tout le monde de manger sans se priver. La base végétalienne participe aussi à la convivialité du lieu et efface l'austérité que l'on accorde trop souvent à cette nourriture. Pour plus de précision sur le sujet nous vous conseillons les cahiers antispecistes(20 rue Cavenne,69007 Lyon), la brochure Nous ne mangeons pas de viande pour ne pas tuer d'animaux(même adresse),L'égalité animale expliquée aux humains de Peter Singer aux éditions Tahin Party, The sexual politics of meat de carol Adams (critique féministevégétarienne) aux éditions Politiy Press et toujours dispo à la même adresse et enfin le Brout'chou 1,2 et 3 qui est un très bon zine gastronomique végétarien/lien c/o Valérie Girin, Lacombe de Maret, 26220 Vesc. Pou finir, si vous causez aux gens, ils vous mettrons en contact avec les militantEs locaux.


BON APPETIT



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